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Québec, le 7 février 2024 – En milieu de matinée, le Bureau d’animation et information logement (BAIL), le Comité des citoyens et citoyennes du quartier Saint-Sauveur (CCCQSS), le Comité logement d’aide de Québec Ouest (CLAQO) et la Ruche Vanier, en compagnie du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), ont tenu une conférence de presse conjointe. Lors de cet événement médiatique, les quatre organismes et leur regroupement national ont exprimé sans retenue leur colère à l’égard de la ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, qui, en s’entêtant à faire adopter le projet de loi 31, se montre indifférente à la réalité brutale que vivent les locataires du Québec depuis trop longtemps déjà.

Force est de constater que la ministre Duranceau, avec son projet de loi 31, n’a aucune volonté de juguler la crise du logement qui terrasse les locataires de la province. « Alors que sévit la pire crise du logement de notre histoire récente, la ministre refuse catégoriquement d’inclure dans le projet de loi toute mesure structurante qui permettrait d’enrayer la hausse vertigineuse des loyers. Pourtant, ce phénomène est en grande partie responsable de la situation actuelle », s’insurge Nicole Dionne, coordonnatrice du BAIL. « Les modifications au Code civil du Québec qu’elle propose pour freiner la multiplication des évictions frauduleuses, qui contribuent également à l’explosion du coût des logements, s’avèrent tout aussi insuffisantes. Et c’est sans compter l’article 7, lequel met à mal le droit de cession de bail. Rappelons que ce droit est l’un des seuls leviers dont disposent les locataires contre les augmentations de loyer abusives », rage à son tour Guillaume Béliveau Côté, animateur-coordonnateur au CCCQSS.

Si la ministre Duranceau, loin de travailler à contrer la crise du logement, semble plutôt s’efforcer de l’aggraver, c’est que l’ex-courtière et spéculatrice immobilière préfère desservir les intérêts financiers de ses anciens compères. « S’attaquer à la crise du logement nécessiterait, notamment, d’encadrer de façon stricte le marché privé de l’habitation. En termes clairs, il faudrait empêcher toute opération permettant de réaliser des profits outranciers. Toutefois, la ministre et ses semblables ne tireraient aucun avantage d’un tel encadrement. Ne perdons pas de vue que le marché privé de l’habitation est un système d’exploitation conçu pour générer un maximum de profit aux dépens des locataires. La crise du logement n’est que la manifestation aigüe de la violence de ce système », tonne Nicolas Villamarin Bonilla, organisateur communautaire au CLAQO. « La ministre ne se soucie pas que nombre de locataires, partout dans la province, soient financièrement saigné·e·s ou brutalement chassé·e·s de leur logement par des propriétaires spéculateurs. De son point de vue, c’est le fonctionnement “normal” du système », s’indigne par la suite Nicolas Drolet, agent de mobilisation citoyenne à la Ruche Vanier.

Devant le mépris affiché dont fait preuve la ministre Duranceau en se faisant l’instigatrice d’un projet de loi odieux, le BAIL, le CCCQSS, le CLAQO, la Ruche Vanier et le RCLALQ ne peuvent que réitérer leur colère. « Au beau milieu d’une crise du logement aux conséquences dramatiques pour l’ensemble du Québec, le projet de loi 31 a cristallisé l’indignation des locataires. Leur retirer des droits, dans un tel contexte, est en effet indigne. Mais cette indignation ne se limite pas au projet de loi 31 et à la cession de bail, elle témoigne de quelque chose de beaucoup plus profond. En facilitant la marchandisation de l’habitation, les décisions de nos gouvernements maintiennent un système qui nous plonge dans une crise du logement perpétuelle. Face à ce système qui étouffe les locataires, leur colère et leur indignation ne font que commencer à s’exprimer », prévient Cédric Dussault, porte-parole du RCLALQ. Les cinq organisations réclament à la ministre Duranceau de retirer le projet de loi 31 avant qu’il ne soit officiellement adopté et de démissionner de ses fonctions. En outre, elles exigent que le gouvernement caquiste se détourne de la vision pro-libre marché qu’il partage avec la ministre et mette en place des mesures efficaces de lutte contre la crise du logement. Plus spécifiquement, elles demandent le décret immédiat d’un gel des loyers pour l’année 2024, de même que les changements législatifs nécessaires à l’instauration d’un contrôle obligatoire des loyers.

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